De
l'Association des Travailleurs Maghrébins de France
Sur les répercussions en France du conflit du Moyen Orient
L'Association
des Travailleurs Maghrébins de France :
Condamne les agressions intolérables qui touchent aujourd'hui
la communauté juive de France.. La grande majorité des
populations issues de l'immigration maghrébine ne peut tolérer
des actes qui transposeraient le conflit Israélo-Palestinien
en France.
L'ATMF dénonce les différentes tentatives de stigmatiser
la communauté maghrébine de France, dans toute sa diversité
sous prétexte qu'on soupçonne sans qu'il y ait aucune
preuve, certains de ses membres d'être à l'origine d'une
nouvelle vague antisémite.
Nous
appelons les différentes communautés religieuses à
respecter les règles de la laïcité que nous nous
devons, citoyens nationaux et de résidence, de préserver
au regard d'un lien social suffisamment fragilisé par la situation
faite à nos quartiers populaires.
L'ATMF condamne également les multiples violences et injures
ignominieuses qu'ont subies ces derniers mois les associations oeuvrant
pour une paix juste au Moyen-Orient, qu'il s'agisse des locaux à
Paris du Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les
Peuples (MRAP), de la Librairie " Envie de Lire " à
Ivry, des établissements commerciaux détenus par des personnes
d'origine maghrébine (" Repro " à Strasbourg),
ou les actions violentes, menées par des " commandos "
du Betar (organisation Israélienne extrémiste présente
dans plusieurs pays, particulièrement bien structurée
en France) contre les militants pacifiques (à l'accueil de José
Bové) ; des attaques qui ont blessé plusieurs personnes
lors des manifestations pacifiques, où se rencontraient aussi
bien des juifs que des musulmans.
Nous
demandons solennellement aux autorités républicaines l'interdiction
du Betar, milice combattante au service d'un état étranger,
L'ATMF est indigné par le l'organisation en France de fêtes
de soutien à l'armée Israélienne où des
propos antisémites (anti-arabes) ont été tenus
sans que les auteurs en soient inquiétés.
La
commission consultative nationale des droits de l'homme (dont on connaît
le sérieux) s'est inquiétée dans son rapport 2001,
de l'augmentation constante d'actes et d'injures racistes à l'égard
des maghrébins de France (notamment depuis le 11 septembre),
et des agressions, liées aux évènements du Moyen-Orient,
qu'a pu connaître la communauté juive.
De
Marseille à Paris, en passant par Lyon et Strasbourg, la même
vigilance à l'égard de la xénophobie rampante ou
déclarée, quels que soient les membres des communautés
touchées, se doit d'être permanente et non circonstanciée
à la lecture de l'actualité internationale.
Cet
appel est destiné à ce que la lutte contre le racisme
et les discriminations en France ne devienne pas un combat à
deux vitesses où une communauté plus structurée
et mieux insérée ferait valoir ses souffrances au détriment
des populations, notamment celles qui sont les plus fragilisés
et les premières victimes de l'exclusion : les populations issues
de l'immigration, majoritairement assignées à résidence
dans les quartiers périphériques.
Sur
la situation Israélo-Palestinienne, l'ATMF réitère
son soutien à la résistance du peuple palestinien dans
sa lutte pour la création d'un Etat Palestinien en défendant
simplement le droit international et donc la résolution 242 de
l'ONU ainsi que la mise en uvre du processus de paix par l'envoi
d'une force de protection internationale.
Nous défendons cette position avec de nombreuses associations
et organisations, notamment avec l'Union Juive Française pour
la Paix avec laquelle nous avons récemment mené conjointement
une mission civile pour la paix dans les territoires occupés.
Notre
action en faveur des droits de l'homme et pour l'égalité
des droits relève d'une responsabilité proportionnelle
entre la situation coloniale faite au peuple palestinien et la stigmatisation
d'une population déjà malmenée par la démagogie
sécuritaire. Cette dernière est aujourd'hui alimentée
par des organisations liées à un état étranger,
colonisateur, ne respectant pas la législation internationale
et la déclaration universelle des droits de l'homme.
Nous alertons l'opinion publique française sur les risques d'une
radicalisation communautaire reposant sur une appartenance confessionnelle.
Les dérapages de quelques-uns ne permettent en aucun cas de désigner
ces citoyens français et de résidence comme les boucs
émissaires surtout dans cette période pré-électorale.
Où nous assistons à la " transformation de populations
en danger (les exclus) en population dangereuse ".
L'ATMF rappelle enfin qu'une représentation religieuse ne peut
en aucun cas se substituer à une représentation politique,
telle que définie dans la Constitution française. Elle
ne peut tendre qu'à l'instrumentalisation des différentes
communautés de croyants..
Paris
le, 04 avril 2002
L'Association
des Travailleurs Maghrébins de France
10, Rue
Affre - 75018 PARIS Tél : 01-42-55-91-82 / Fax : 01-42-52-60-61
E.mail : national@atmf .org
&
l'Union Juive Française pour la Paix
B.P 102 75960 PARIS Tél : 01-42-02-5976 / Fax : 01-42-02-59-77
E-mail
: amartrad@filnet.fr
Organisent
une mission civile en
Palestine et Israël du 17 au 24 février 2002
La situation en Palestine
par les conséquences humaines et politique d'une guerre coloniale
menée contre le droit d'un peuple à l'autodétermination
nous concerne tous. Moralement et politiquement. Parce que l'avenir
de toute une région et des sociétés qui la composent
est en jeu. Parce que plus qu'ailleurs se jouent les rapports entre
la force et le droit, mais aussi parce que ce conflit a des implications
en France que les citoyens français en général,
se doivent de confronter et mesurer. D'autant plus qu'à force
de vouloir faire croire qu'un conflit politique ne serait qu'un conflit
confessionnel, à force de vouloir faire croire que s'y jouerait
une confrontation inter - civilisationnelle, à force de bafouer
les droits des plus faibles, cette guerre outre méditerranée
a en France des effets boomerang dangereux.
Les
juifs de France, seconde communauté après New York, et
première communauté juive d'Europe ont des responsabilités
particulières a assumer à cet égard, qu'ils l'acceptent
ou non.
Le
gouvernement Israélien, développant la thèse d'un
antisémitisme montant en France en appelle à une vague
migratoire des juifs Français, pour renforcer la démographie
israélienne. Peut-on laisser se développer le communautarisme
de tribus, contre la démocratie?
Les
Maghrébins de France quant à eux forment une communauté
de plus en plus impliquée dans la vie sociale, culturelle et
économique de ce pays, tout en gardant des attaches avec les
pays du Maghreb et une implication très forte des associations
maghrébines pour l'émergence d'une citoyenneté
des deux rives de la Méditerranée.
Les
discours officiels et officieux de séparation et de repli ne
peuvent pas effacer de notre mémoire récente l'implication
des étrangers ou de citoyens d'origine étrangère
et plus particulièrement des Maghrébins à la libération
de la France et de l'Europe de l'horreur du nazisme et du fascisme lors
de la seconde guerre mondiale.
Cet
héritage commun et universel de lutte contre "la bête
immonde" et de la promotion des idées d'égalité,
de justice et de paix fonde notre existence au delà de nos appartenances.
1
- Se taire aujourd'hui sur ce qui se passe en Palestine, c'est consentir
au discours officiel du Conseil Représentatif des Institutions
Juives de France, de l'Ambassade d'Israël en France et aussi au
silence glacial des représentations des pays arabes en France
: c'est à dire à nos yeux cautionner la politique scandaleuse
de Sharon, en Palestine : politique d'occupation renforcée assortie
de brimades de plus en plus graves, violation des droits humains et
assassinats, avec pour buts la liquidation de l'Autorité Palestinienne,
le découpage de la Palestine en zones entièrement contrôlées
par l'armée , le renforcement de la colonisation, l'incitation
des franges les plus extrémistes du peuple palestinien à
réagir avec une violence inouïe qui n'épargne pas
les civils israéliens. A terme c'est cautionner une politique
qui veut développer tous les obstacles à l'instauration
d'une paix véritable.
Cette
politique meurtrière et suicidaire du gouvernement israélien
qui vise la mise sous tutelle totale voire l'écrasement d'un
peuple entier est une politique à contre temps, a historique,
dangereuse et sans issue, pour les Palestiniens comme pour les Israéliens.
Ne
pas le dire, ou ne pas le dire clairement, en tant que juif - entre
autre- signifie en France et aux yeux du monde: " je suis d'accord
". Nous ne vivons pas à une époque ou il est possible
de dire: "je ne savais pas", "j'ignorais". Nous
savons et si nous ne comprenons pas les enjeux, c'est que nous ne le
voulons pas . Il nous faut envisager ce que serait l'avenir du peuple
juif, s'il devait porter la responsabilité historique de la disparition
du peuple palestinien. C'est un héritage dont les juifs conscients
ne sauraient se revendiquer.
2
-Nous ne voulons pas nous inscrire dans une logique de proximité
d'abord communautaire -les Juifs français avec les Juifs israéliens
parce que Juifs; les Maghrébins avec les Arabes palestiniens
parce qu'Arabes, voire parce que musulmans ou chrétiens- mais
dans une logique de partage de valeurs universelles: le respect de la
dignité humaine, l'antiracisme, le respect des droits des peuples,
l'anticolonialisme. C'est ce qui nous amène à soutenir
la résistance palestinienne comme les mouvements pacifistes anticolonialistes
israéliens, à nous mobiliser pour une paix juste, fondée
sur le respect des droits égaux de chacun. Les discours en miroir
qui se développent depuis les attentats du 11 septembre renforcent
cette nécessité.
La
soi disant neutralité de médias et de politiques français
qui renvoient dos à dos les "belligérants" comme
s'ils étaient à égalité dans les logiques
à l'uvre dans la nature de l'agression comme dans les moyens,
constitue pour eux, et pour nous, un vrai déni de justice. Dans
ce contexte entendre la parole du CRIF répercutée par
les médias sans contradiction, comme la prise de position officielle
de toute la communauté juive de France, met le feu aux poudres.
Nos
amis militants d' associations maghrébines et dans les associations
juives laïques le remarquent tous les jours avec anxiété
et nous nous en inquiétons.
Notons
à ce propos qu'en face du CRIF qui répertorie méticuleusement
les attentats antisémites sur le territoire, personne ne recense
ni ne rend public dans les médias les nombreuses "restrictions"à
la liberté d'expression :
sur pression de certaines organisations juives, dans les municipalités
autour de Paris des événements culturels ou des débats
autour de la Palestine ont été interdits ou différés.
Le retrait sur pressions répétées, d'une édition
d'un livre de géographie de seconde (édition Hachette)
parce que l'exemple pris sur la problématique de l'eau était
celui d'Israël, et de la région.
la mise à sac du MRAP,diffamé comme antisémite
pour avoir pris position contre la politique de Sharon
les interventions musclées de certaines organisations dans des
manifestations pacifiques,
les menaces de mort et d'incendie sur le local d'Enfants du monde Droits
de l'Homme , parce que cette ONG éminemment respectable mène
une campagne sur les enfants palestiniens détenus dans les prisons
israéliennes,
les affiches
racistes anti-arabes dans certains quartiers parisiens
L'UJFP
s'est d'ailleurs constituée partie civile contre nombre de ces
actes, et intervient à toutes les occasions pour réclamer
le respect de la liberté d'expression.
L'ATMF et les militants maghrébins dans les quartiers et cités
de France ne cessent de condamner toute forme de violences réelles
ou symboliques contre les lieux de culte ou d'éducation de la
communauté juive. Ces actes souvent non identifiés ne
peuvent en aucun cas être attribués à une communauté
dans son ensemble pour attiser la haine et la discorde.
Juifs
ou arabes, laïques, vivant en France, démocrates, comment
agir face à tout cela ? Agir contre les dérives communautaires,
le repli sur un "soi" étriqué qu'elles provoquent,
la peur, les préjugés, les généralisations,
le refus de comprendre ou de reconnaître l'autre d'abord comme
un semblable, le racisme et la violence que tout cela engendre, est
difficile, et surtout contradictoire.
Paradoxalement
lutter contre le communautarisme passe par une inscription à
un moment donné dans sa propre communauté pour s'adresser
à elle. Une mission de solidarité avec le peuple palestinien
dans le cadre de la campagne des missions civiles pour la protection
du peuple palestinien, composée de membres de l'ATMF et de membres
de l'UJFP partira en Palestine et en Israël en février 2002.
Notre
mission conjointe a comme finalité de porter un message là
bas de coexistence et de respect mutuel, puis de relater ensemble ensuite,
ici en France et aussi au Maroc nos rencontres et nos expériences,
et d'en appeler à l'envoi d'une force de protection en Palestine,
étape à la mise en uvre du droit.
Deux
étapes à cette mission : Gaza et Jérusalem Est
avec des moments forts de témoignage et de solidarité
envers les victimes civiles des bombardement et occupation israélienne
et aussi échange avec des militants palestiniens sous occupation
sur les formes de solidarité et de soutien à leur/notre
juste cause.
En
Israël nous axerons notre mission sur la rencontre des Palestiniens
"de l'intérieur" ,des mouvements israéliens
qui militent pour une paix juste, ainsi que les juifs orientaux membres
de la coalition des mouvements juifs orientaux qui soutiennent aussi
les conditions d'une paix juste. Cette rencontre se fera à Nazareth
lors de l'inauguration de l'exposition que nous y apportons: intitulée
"Palestine entre le bleu du ciel et le sable de la mémoire"
avec des photographies de 4 photographes dont Joss Dray, membre de l'UJFP
et qui fait partie de la mission, un photographe Israélien, un
Palestinien et un Anglais .
Ce
temps sera aussi un temps de soutien à Azmi BICHARA, député
palestinien , destitué récemment de son immunité
parlementaire. Son seul "crime" est d'avoir aidé des
citoyens "arabes israéliens" à se rendre en
Syrie afin de rencontrer des membres de leur famille exilés et
interdits de retour. Un autre chef d'accusation pèse contre BICHARA
pour incitation et soutien à des organisations terroristes, c'est
à dire dans le vocable de la "justice" israélienne
avoir publiquement soutenu l'Intifada Palestinienne.
Quelle
meilleure démonstration pourrions nous faire et là bas,
et ici et au Maroc, que le conflit israélo- palestinien est politique,
et non communautaire ou ethnique, et que s'il devait le devenir, nous
tous, juifs comme arabes devrions affronter la barbarie.
ATMF
& l'UFJP
Paris le 20/01/02
EGIQ
Strasbourg les, 12, 13 et 14 Octobre 2001
APPEL DES EGIQ DE STRASBOURG12,13 et 14 Octobre 2001
Voilà
plus d'une année que des associations issues de l'immigration
ont entrepris à l'échelle nationale une démarche
de concertation, de réflexion, de mobilisation pour définir
un espace de travail et de revendication qui, tout en reprenant l'opportunité
du centième anniversaire de la loi 1901 et le 20e anniversaire
du droit des étrangers à se constituer en association,
se démarque radicalement des commémorations consensuelles
organisées à cet effet. La singularité de notre
combat militant pour l'égalité des droits ne pouvait en
aucun cas trouver sa place dans des rencontres de ce type. Des dizaine
de réunion organisées dans l'ensemble des grandes régions
de France (Est, Ouest, Nord, Sud) ont permis d'alimenter une dynamique
exigeante et ouverte à toutes les sensibilités du mouvement
associatif issu de l'immigration. La construction et la mise en place
de ces EGIQ n'ont pas été une mince affaire mais nous
avons réussi à transcender nos divergences parce que nous
savons que les enjeux d'une telle rencontre dépassait nos propres
parcours associatifs. Notre détermination s'inscrivait dans une
nécessité historique qui nous impose la lisibilité
collective de nos atouts et de nos fragilités, de nos compétences
et de nos carences, de notre capacité à assumer l'héritage
des luttes de l'immigration. Nous n'avons jamais prétendu représenter
la totalité du mouvement associatif issu de l'immigration ; par
contre, il nous fallait rassembler le plus largement possible. Que nous
soyons des militants et des militantes aguerris ou non , notre action
quotidienne fonde durablement cette citoyenneté de résidence
et de résistance qui met indiscutablement en perspective si ce
n'est que l'avenir de nos enfants.
Cette
transversalité de l'action militante est un acquis puisque l'appel
des EGIQ de Strasbourg est soutenu par 102 associations dont 68 sont
partie prenante dans le déroulement effectif de nos travaux rassemblant
ainsi plus de 200 militants de divers horizons. De l'histoire des luttes
de l'immigration à leurs implications dans le champ politique,
les huit ateliers proposés ont permis de dégager le contenu
d'une plate-forme politique commune que nous espérons faire partager
aux associations absentes. Ainsi, l'objectif de pérenniser ce
type de rencontre fait de nos particularités respectives les
chaînons d'un réseau en devenir dont nous sommes chacun
tributaire et responsable.
Le
contexte actuel (non prévisible) affermit la justesse de nos
réflexions et de nos revendications communes. Les pouvoirs publics
doivent urgemment prendre en considération ces revendications
et ces propositions pour mettre un terme à l'exclusion politique
des populations issues de l'immigration.
L'histoire
de ces populations est celle de la France et nous soutenons bien entendu
la création future du musée national de l'immigration
mais nous veillerons à ce que nos structures soient bel et bien
associées aux orientations muséographiques de ce projet.
La France doit considérer son passé colonial puisque une
majorité de son immigration est le produit de son ex empire colonial.
En ce sens, l'éducation national se doit d'intégrer dans
les manuels scolaires cette histoire inavouée. Nous avions choisi
le mois d'octobre non seulement au sujet du vingtième anniversaire
mais également pour marquer le quarantième anniversaire
des massacres du 17 octobre 1961, événement central dans
notre mémoire d'immigré puisqu'il représente historiquement
le carrefour tragique entre les aspirations à l'indépendance
et la répression ignoble par la puissance coloniale d'hommes,
de femmes, de familles algériennes majoritairement mais aussi
tunisiennes et marocaines. Nos mémoires sont aussi celles de
nos cultures d'origine qui ont produit et produisent des uvres,
des créations qui participent au patrimoine universel et bien
entendu à la production culturelle et artistique en France. Dans
ce sens, nos cultures d'immigration sont portées par des intellectuels
et des artistes que nous devons associer à nos pratiques et à
nos luttes sans oublier les jeunes de nos quartiers acteurs incontournable
des cultures émergentes aujourd'hui en France. Ces jeunes qui,
par ailleurs, doivent être considérés et se considérer
comme des citoyens à part entière. A ce sujet, nous ne
pouvons pas faire l'économie de mettre en lumière les
dérives sémantiques que les médias propagent à
la lecture de l'actualité en perpétrant durablement des
amalgames destinés à entretenir la stigmatisation des
différentes générations de l'immigration.
Ces
EGIQ auront également contribué à aborder sereinement
et courageusement la situation des femmes et des jeunes filles issues
de l'immigration. Tout d'abord en rendant hommage à leurs rôles
fondamentales dans les luttes de l'immigration en général
et dans leurs combats spécifiques au sein même de l'immigration.
Les EGIQ dénoncent fortement les conventions bi-latérales
qui maintiennent les femmes immigrées dans un double statut juridique
qui autorise un juge français d'appliquer les lois discriminatoires
des pays d'origine. Nous réaffirmons la suprématie de
ses droits individuels indépendamment du foyer familiale ou règne
son infériorité juridique face au conjoint. Pour les demandeuses
d'asile, l'octroie du statue de réfugié doit intégrer
les violences sexistes et sexuelles comme des critères essentiels.
Par ailleurs, la situation de persécution de femmes en tant que
groupe social (afghanes, kosovares,
) doit être enfin reconnue
par l'OFPRA. Nous concernant plus particulièrement, les femmes
et les jeunes filles doivent être représentées dans
nos associations : ce sera notre meilleure réponse face aux discriminations
sexistes et aux violences symboliques ou/et sexuelles dont elles sont
victimes au sein même de nos quartiers populaires.
Sur
la question des cultes, les EGIQ interpellent solennellement les pouvoirs
publics afin de renvoyer toutes interprétations erronées
de la laïcité qui contribues notamment à stigmatiser
les musulmans en générant une islamophobie insupportable.
Pour y remédier, une seule solution s'impose : l'égalité
de traitement pour tous les cultes (carré musulman dans les cimetières,
abattoir,
) et donc tout simplement l'application précise
de la loi française dans ce domaine tout en s'appuyant sur l'article
9 de la convention européenne des droits de l'homme sur la liberté
de culte. La mise en place d'un organisme représentatif de l'islam
français ne peut en aucun cas confondre représentation
du culte et représentation des citoyens musulmans qui n'ont pas
à soumettre leur citoyenneté à leur appartenance
confessionnel. Pour affirmer haut et fort cette évidence, les
associations laïques doivent être prises en considération
dans cet organisme et dans la consultation plus générale
sur l'islam.
L'égalité
des droits impose la prise en compte de notre diversité comme
autant de composantes légitimes et indispensables dans notre
lutte contre les discriminations. Cette lutte inscrit comme préalable
à son efficacité l'abrogation des dispositions suivantes
de l'ordonnance de 1945 : la préférence nationale dans
la fonction publique, l'interdiction du vote pour les étrangers,
la légalisation de la double peine, le contrôle spécifique
des étrangers, le mode d'acquisition restrictive de la nationalité.
Tout aussi préalable est la création d'une structure indépendante
incluant la participation active des associations issues de l'immigration,
c'est la seule issue face aux limites certaines des dispositifs existants
tels le CODAC ou le 114, limites observées unanimement. Seul
une structure de ce type pourra se confronter directement et efficacement
aux discriminations à l'embauche, aux loisirs, aux logements.
Elle pourra également intervenir avec crédibilité
quant aux dénis de droits avalisée par une justice à
deux vitesses où impunité des crimes racistes et violences
policières sont autant de violations des droits élémentaires
de la personne humaine. Les EGIQ ne pourront pas ne pas exprimer leur
profonde colère suite à l'acquittement du policier meurtrier
de Youssef KHAIF, injustice insupportable qui restera gravé dans
nos mémoires. Par ailleurs, les EGIQ demandent à nouveau
l'application de la loi dans ce domaine tout en soulignant l'insuffisance
de l'arsenal législatif notamment en matière de charge
de la preuve laissée à l'appréciation fluctuante
des juges. Une réelle volonté de lutte contre les discriminations
nécessite un programme de sensibilisation, d'information, de
formation à l'intérieur même des institutions et
des administrations françaises. En matière de logements,
nous ne pouvons pas accepter que la mixité sociale et culturelle
soit décrétée par une politique de quotas provoquant
de nouvelles exclusions. A niveau de l'emploie, nous attirons l'attention
sur l'ethnicisation de certaines professions qui peuvent mettre en porte
à faux des communautés. Pour ce qui relève de l'immigration
et des immigrés eux mêmes, nous devons veiller aux discriminations
réelles entre communautés qui se développent dans
nos banlieues et intégrer cette donnée dans notre lutte
contre les discriminations en général. Enfin sur ce chapitre,
les EGIQ considère que le problème de tous les sans-papiers
est loin d'être résolu et que cette lutte doit rester une
priorité pour nos associations.
Nous
ne pouvons pas concevoir l'immigration sans aborder les questions relatives
au pays d'origine en matière de droit de l'homme, de démocratie
et de développement. L'immigration doit continuer à jouer
un rôle déterminant dans la dissociation des problématiques
liées au développement et celles liées à
la gestion des flux migratoires. Elles recommandent d'établir
des liens durables avec les associations villageoises, de quartiers,
; de consolider les actions et les organisations de solidarité
internationales issues de l'immigration ; de refuser les ruptures arbitraires
entre nécessités démocratiques et nécessité
de développement.
En
matière de citoyenneté européenne les EGIQ lance
l'appel suivant :
Rappelant
la convention 144 du Conseil de l'Europe de 1992 sur la participation
des étrangers à la vie publique au niveau local.
Rappelant
l'Appel de Strasbourg du Conseil Consultatif des Etrangers de Strasbourg
et du Conseil de l'Europe de 1999.
Considérant
que le traité de Maastricht en accordant la citoyenneté
de l'U.E. aux seuls nationaux des pays de l'U.E. a crée une discrimination
légale entre résidents étrangers.
Rappelle
son attachement à l'égalité des droits de tous
les résidents quelle que soit leur nationalité.
Les
EGIQ et l'ensemble des associations signataires appellent à se
mobiliser en faveur d'une citoyenneté européenne de résidence
qui serait un premier pas vers cette égalité octroyant
les mêmes droits à tous les étrangers quelle que
soit leur nationalité ; à se mobiliser incessamment pour
le mois de la citoyenneté ; les EGIQ considèrent que les
CCE ne constituent pas une alternative au droit de vote des résidents
communautaires, cependant elles dénoncent toute remise en cause
du CCE de Strasbourg. Nous rappelons que la citoyenneté européenne
ne se résume pas au droit de vote et doit être considéré
également à partir de la liberté de circulation
et d'installation dans les pays de l'Union Européenne. En définitive
les EGIQ interpellent les candidats aux élections législatives
et présidentielles prochaines afin de se prononcer favorablement
pour le droit de vote élargi à toute les personnes issues
de l'immigration et de s'engager sur le calendrier de sa mise en place
: l'ensemble des associations feront usage du vote sanction pour les
candidats réfractaires.
Strasbourg,
le 14 octobre 2001
Secrétariat
des EGIQ : c/o ATMF : 10, rue AFFRE - 75018 . PARIS
Tel : 01.42.52.60.61 / Fax : 01.42.55.91.82
E.mail : national@atmf.org
RECOMMANDATION
Les
EGIQ de Strasbourg lancent un appel pour que nous puissions nous rencontrer
avec d'autres associations une fois tous les ans. Ces trois jours ont
permis de définir un contenu politique dans lequel l'ensemble
de nos associations se retrouvent et les actes de ces rencontres doivent
devenir un véritable outil pour l'ensemble de nos structures.
Les
prochaines rencontres devront débattre et éventuellement
mettre en place les formes organisationnelles de notre réseau
afin de faire avancer avec exigence et dans la durée nos revendications
pour l'égalité des droits.
Une
autre région, une autre ville, d'autres structures doivent prendre
l'initiative d'une rencontre périodique.
Il
y a lieu de rechercher la meilleure forme pour organiser ces rencontres.
Pour cela les EGIQ doivent se doter d'outils de communication adaptés
à nos besoins.
Dans
l'attente des prochains EGIQ, il faut absolument développer et
coordonner nos actions communes. Nous devons renforcer nos liens, échanger
rapidement les informations et participer réciproquement aux
actions que les uns et les autres ne manqueront pas de décider
pour l'émergence d'une citoyenneté et d'une lutte contre
les discriminations et l'égalité des droits.
Strasbourg,
le 14 octobre 2001
Secrétariat
des EGIQ : c/o ATMF : 10, rue AFFRE - 75018 . PARIS
Tel : 01.42.52.60.61 / Fax : 01.42.55.91.82
E.mail : national@atmf.org
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