Les répercussions en France du conflit du Moyen Orient
Mission Civile en Palestine ATMF et UJFP
Appel des EGIQ de Strasbourg 12,13 et 14 Octobre 2001

 

 

De l'Association des Travailleurs Maghrébins de France
Sur les répercussions en France du conflit du Moyen Orient

 

L'Association des Travailleurs Maghrébins de France :

Condamne les agressions intolérables qui touchent aujourd'hui la communauté juive de France.. La grande majorité des populations issues de l'immigration maghrébine ne peut tolérer des actes qui transposeraient le conflit Israélo-Palestinien en France.

L'ATMF dénonce les différentes tentatives de stigmatiser la communauté maghrébine de France, dans toute sa diversité sous prétexte qu'on soupçonne sans qu'il y ait aucune preuve, certains de ses membres d'être à l'origine d'une nouvelle vague antisémite.

Nous appelons les différentes communautés religieuses à respecter les règles de la laïcité que nous nous devons, citoyens nationaux et de résidence, de préserver au regard d'un lien social suffisamment fragilisé par la situation faite à nos quartiers populaires.

L'ATMF condamne également les multiples violences et injures ignominieuses qu'ont subies ces derniers mois les associations oeuvrant pour une paix juste au Moyen-Orient, qu'il s'agisse des locaux à Paris du Mouvement contre le Racisme et pour l'Amitié entre les Peuples (MRAP), de la Librairie " Envie de Lire " à Ivry, des établissements commerciaux détenus par des personnes d'origine maghrébine (" Repro " à Strasbourg), ou les actions violentes, menées par des " commandos " du Betar (organisation Israélienne extrémiste présente dans plusieurs pays, particulièrement bien structurée en France) contre les militants pacifiques (à l'accueil de José Bové) ; des attaques qui ont blessé plusieurs personnes lors des manifestations pacifiques, où se rencontraient aussi bien des juifs que des musulmans.

Nous demandons solennellement aux autorités républicaines l'interdiction du Betar, milice combattante au service d'un état étranger,

L'ATMF est indigné par le l'organisation en France de fêtes de soutien à l'armée Israélienne où des propos antisémites (anti-arabes) ont été tenus sans que les auteurs en soient inquiétés.

La commission consultative nationale des droits de l'homme (dont on connaît le sérieux) s'est inquiétée dans son rapport 2001, de l'augmentation constante d'actes et d'injures racistes à l'égard des maghrébins de France (notamment depuis le 11 septembre), et des agressions, liées aux évènements du Moyen-Orient, qu'a pu connaître la communauté juive.

De Marseille à Paris, en passant par Lyon et Strasbourg, la même vigilance à l'égard de la xénophobie rampante ou déclarée, quels que soient les membres des communautés touchées, se doit d'être permanente et non circonstanciée à la lecture de l'actualité internationale.

Cet appel est destiné à ce que la lutte contre le racisme et les discriminations en France ne devienne pas un combat à deux vitesses où une communauté plus structurée et mieux insérée ferait valoir ses souffrances au détriment des populations, notamment celles qui sont les plus fragilisés et les premières victimes de l'exclusion : les populations issues de l'immigration, majoritairement assignées à résidence dans les quartiers périphériques.

Sur la situation Israélo-Palestinienne, l'ATMF réitère son soutien à la résistance du peuple palestinien dans sa lutte pour la création d'un Etat Palestinien en défendant simplement le droit international et donc la résolution 242 de l'ONU ainsi que la mise en œuvre du processus de paix par l'envoi d'une force de protection internationale.

Nous défendons cette position avec de nombreuses associations et organisations, notamment avec l'Union Juive Française pour la Paix avec laquelle nous avons récemment mené conjointement une mission civile pour la paix dans les territoires occupés.

Notre action en faveur des droits de l'homme et pour l'égalité des droits relève d'une responsabilité proportionnelle entre la situation coloniale faite au peuple palestinien et la stigmatisation d'une population déjà malmenée par la démagogie sécuritaire. Cette dernière est aujourd'hui alimentée par des organisations liées à un état étranger, colonisateur, ne respectant pas la législation internationale et la déclaration universelle des droits de l'homme.

Nous alertons l'opinion publique française sur les risques d'une radicalisation communautaire reposant sur une appartenance confessionnelle. Les dérapages de quelques-uns ne permettent en aucun cas de désigner ces citoyens français et de résidence comme les boucs émissaires surtout dans cette période pré-électorale. Où nous assistons à la " transformation de populations en danger (les exclus) en population dangereuse ".

L'ATMF rappelle enfin qu'une représentation religieuse ne peut en aucun cas se substituer à une représentation politique, telle que définie dans la Constitution française. Elle ne peut tendre qu'à l'instrumentalisation des différentes communautés de croyants..

Paris le, 04 avril 2002

 

L'Association des Travailleurs Maghrébins de France
10, Rue Affre - 75018 PARIS Tél : 01-42-55-91-82 / Fax : 01-42-52-60-61
E.mail : national@atmf .org
&
l'Union Juive Française pour la Paix
B.P 102 75960 PARIS Tél : 01-42-02-5976 / Fax : 01-42-02-59-77
E-mail : amartrad@filnet.fr

Organisent une mission civile en
Palestine et Israël du 17 au 24 février 2002


La situation en Palestine par les conséquences humaines et politique d'une guerre coloniale menée contre le droit d'un peuple à l'autodétermination nous concerne tous. Moralement et politiquement. Parce que l'avenir de toute une région et des sociétés qui la composent est en jeu. Parce que plus qu'ailleurs se jouent les rapports entre la force et le droit, mais aussi parce que ce conflit a des implications en France que les citoyens français en général, se doivent de confronter et mesurer. D'autant plus qu'à force de vouloir faire croire qu'un conflit politique ne serait qu'un conflit confessionnel, à force de vouloir faire croire que s'y jouerait une confrontation inter - civilisationnelle, à force de bafouer les droits des plus faibles, cette guerre outre méditerranée a en France des effets boomerang dangereux.

Les juifs de France, seconde communauté après New York, et première communauté juive d'Europe ont des responsabilités particulières a assumer à cet égard, qu'ils l'acceptent ou non.

Le gouvernement Israélien, développant la thèse d'un antisémitisme montant en France en appelle à une vague migratoire des juifs Français, pour renforcer la démographie israélienne. Peut-on laisser se développer le communautarisme de tribus, contre la démocratie?

Les Maghrébins de France quant à eux forment une communauté de plus en plus impliquée dans la vie sociale, culturelle et économique de ce pays, tout en gardant des attaches avec les pays du Maghreb et une implication très forte des associations maghrébines pour l'émergence d'une citoyenneté des deux rives de la Méditerranée.

Les discours officiels et officieux de séparation et de repli ne peuvent pas effacer de notre mémoire récente l'implication des étrangers ou de citoyens d'origine étrangère et plus particulièrement des Maghrébins à la libération de la France et de l'Europe de l'horreur du nazisme et du fascisme lors de la seconde guerre mondiale.

Cet héritage commun et universel de lutte contre "la bête immonde" et de la promotion des idées d'égalité, de justice et de paix fonde notre existence au delà de nos appartenances.

1 - Se taire aujourd'hui sur ce qui se passe en Palestine, c'est consentir au discours officiel du Conseil Représentatif des Institutions Juives de France, de l'Ambassade d'Israël en France et aussi au silence glacial des représentations des pays arabes en France : c'est à dire à nos yeux cautionner la politique scandaleuse de Sharon, en Palestine : politique d'occupation renforcée assortie de brimades de plus en plus graves, violation des droits humains et assassinats, avec pour buts la liquidation de l'Autorité Palestinienne, le découpage de la Palestine en zones entièrement contrôlées par l'armée , le renforcement de la colonisation, l'incitation des franges les plus extrémistes du peuple palestinien à réagir avec une violence inouïe qui n'épargne pas les civils israéliens. A terme c'est cautionner une politique qui veut développer tous les obstacles à l'instauration d'une paix véritable.

Cette politique meurtrière et suicidaire du gouvernement israélien qui vise la mise sous tutelle totale voire l'écrasement d'un peuple entier est une politique à contre temps, a historique, dangereuse et sans issue, pour les Palestiniens comme pour les Israéliens.

Ne pas le dire, ou ne pas le dire clairement, en tant que juif - entre autre- signifie en France et aux yeux du monde: " je suis d'accord ". Nous ne vivons pas à une époque ou il est possible de dire: "je ne savais pas", "j'ignorais". Nous savons et si nous ne comprenons pas les enjeux, c'est que nous ne le voulons pas . Il nous faut envisager ce que serait l'avenir du peuple juif, s'il devait porter la responsabilité historique de la disparition du peuple palestinien. C'est un héritage dont les juifs conscients ne sauraient se revendiquer.

2 -Nous ne voulons pas nous inscrire dans une logique de proximité d'abord communautaire -les Juifs français avec les Juifs israéliens parce que Juifs; les Maghrébins avec les Arabes palestiniens parce qu'Arabes, voire parce que musulmans ou chrétiens- mais dans une logique de partage de valeurs universelles: le respect de la dignité humaine, l'antiracisme, le respect des droits des peuples, l'anticolonialisme. C'est ce qui nous amène à soutenir la résistance palestinienne comme les mouvements pacifistes anticolonialistes israéliens, à nous mobiliser pour une paix juste, fondée sur le respect des droits égaux de chacun. Les discours en miroir qui se développent depuis les attentats du 11 septembre renforcent cette nécessité.

La soi disant neutralité de médias et de politiques français qui renvoient dos à dos les "belligérants" comme s'ils étaient à égalité dans les logiques à l'œuvre dans la nature de l'agression comme dans les moyens, constitue pour eux, et pour nous, un vrai déni de justice. Dans ce contexte entendre la parole du CRIF répercutée par les médias sans contradiction, comme la prise de position officielle de toute la communauté juive de France, met le feu aux poudres.

Nos amis militants d' associations maghrébines et dans les associations juives laïques le remarquent tous les jours avec anxiété et nous nous en inquiétons.

Notons à ce propos qu'en face du CRIF qui répertorie méticuleusement les attentats antisémites sur le territoire, personne ne recense ni ne rend public dans les médias les nombreuses "restrictions"à la liberté d'expression :
sur pression de certaines organisations juives, dans les municipalités autour de Paris des événements culturels ou des débats autour de la Palestine ont été interdits ou différés.
Le retrait sur pressions répétées, d'une édition d'un livre de géographie de seconde (édition Hachette) parce que l'exemple pris sur la problématique de l'eau était celui d'Israël, et de la région.
la mise à sac du MRAP,diffamé comme antisémite pour avoir pris position contre la politique de Sharon
les interventions musclées de certaines organisations dans des manifestations pacifiques,
les menaces de mort et d'incendie sur le local d'Enfants du monde Droits de l'Homme , parce que cette ONG éminemment respectable mène une campagne sur les enfants palestiniens détenus dans les prisons israéliennes,
les affiches racistes anti-arabes dans certains quartiers parisiens… L'UJFP s'est d'ailleurs constituée partie civile contre nombre de ces actes, et intervient à toutes les occasions pour réclamer le respect de la liberté d'expression.


L'ATMF et les militants maghrébins dans les quartiers et cités de France ne cessent de condamner toute forme de violences réelles ou symboliques contre les lieux de culte ou d'éducation de la communauté juive. Ces actes souvent non identifiés ne peuvent en aucun cas être attribués à une communauté dans son ensemble pour attiser la haine et la discorde.

Juifs ou arabes, laïques, vivant en France, démocrates, comment agir face à tout cela ? Agir contre les dérives communautaires, le repli sur un "soi" étriqué qu'elles provoquent, la peur, les préjugés, les généralisations, le refus de comprendre ou de reconnaître l'autre d'abord comme un semblable, le racisme et la violence que tout cela engendre, est difficile, et surtout contradictoire.

Paradoxalement lutter contre le communautarisme passe par une inscription à un moment donné dans sa propre communauté pour s'adresser à elle. Une mission de solidarité avec le peuple palestinien dans le cadre de la campagne des missions civiles pour la protection du peuple palestinien, composée de membres de l'ATMF et de membres de l'UJFP partira en Palestine et en Israël en février 2002.

Notre mission conjointe a comme finalité de porter un message là bas de coexistence et de respect mutuel, puis de relater ensemble ensuite, ici en France et aussi au Maroc nos rencontres et nos expériences, et d'en appeler à l'envoi d'une force de protection en Palestine, étape à la mise en œuvre du droit.

Deux étapes à cette mission : Gaza et Jérusalem Est avec des moments forts de témoignage et de solidarité envers les victimes civiles des bombardement et occupation israélienne et aussi échange avec des militants palestiniens sous occupation sur les formes de solidarité et de soutien à leur/notre juste cause.

En Israël nous axerons notre mission sur la rencontre des Palestiniens "de l'intérieur" ,des mouvements israéliens qui militent pour une paix juste, ainsi que les juifs orientaux membres de la coalition des mouvements juifs orientaux qui soutiennent aussi les conditions d'une paix juste. Cette rencontre se fera à Nazareth lors de l'inauguration de l'exposition que nous y apportons: intitulée "Palestine entre le bleu du ciel et le sable de la mémoire" avec des photographies de 4 photographes dont Joss Dray, membre de l'UJFP et qui fait partie de la mission, un photographe Israélien, un Palestinien et un Anglais .

Ce temps sera aussi un temps de soutien à Azmi BICHARA, député palestinien , destitué récemment de son immunité parlementaire. Son seul "crime" est d'avoir aidé des citoyens "arabes israéliens" à se rendre en Syrie afin de rencontrer des membres de leur famille exilés et interdits de retour. Un autre chef d'accusation pèse contre BICHARA pour incitation et soutien à des organisations terroristes, c'est à dire dans le vocable de la "justice" israélienne avoir publiquement soutenu l'Intifada Palestinienne.

Quelle meilleure démonstration pourrions nous faire et là bas, et ici et au Maroc, que le conflit israélo- palestinien est politique, et non communautaire ou ethnique, et que s'il devait le devenir, nous tous, juifs comme arabes devrions affronter la barbarie.


ATMF & l'UFJP
Paris le 20/01/02

 

EGIQ Strasbourg les, 12, 13 et 14 Octobre 2001

APPEL DES EGIQ DE STRASBOURG12,13 et 14 Octobre 2001

 

Voilà plus d'une année que des associations issues de l'immigration ont entrepris à l'échelle nationale une démarche de concertation, de réflexion, de mobilisation pour définir un espace de travail et de revendication qui, tout en reprenant l'opportunité du centième anniversaire de la loi 1901 et le 20e anniversaire du droit des étrangers à se constituer en association, se démarque radicalement des commémorations consensuelles organisées à cet effet. La singularité de notre combat militant pour l'égalité des droits ne pouvait en aucun cas trouver sa place dans des rencontres de ce type. Des dizaine de réunion organisées dans l'ensemble des grandes régions de France (Est, Ouest, Nord, Sud) ont permis d'alimenter une dynamique exigeante et ouverte à toutes les sensibilités du mouvement associatif issu de l'immigration. La construction et la mise en place de ces EGIQ n'ont pas été une mince affaire mais nous avons réussi à transcender nos divergences parce que nous savons que les enjeux d'une telle rencontre dépassait nos propres parcours associatifs. Notre détermination s'inscrivait dans une nécessité historique qui nous impose la lisibilité collective de nos atouts et de nos fragilités, de nos compétences et de nos carences, de notre capacité à assumer l'héritage des luttes de l'immigration. Nous n'avons jamais prétendu représenter la totalité du mouvement associatif issu de l'immigration ; par contre, il nous fallait rassembler le plus largement possible. Que nous soyons des militants et des militantes aguerris ou non , notre action quotidienne fonde durablement cette citoyenneté de résidence et de résistance qui met indiscutablement en perspective si ce n'est que l'avenir de nos enfants.

Cette transversalité de l'action militante est un acquis puisque l'appel des EGIQ de Strasbourg est soutenu par 102 associations dont 68 sont partie prenante dans le déroulement effectif de nos travaux rassemblant ainsi plus de 200 militants de divers horizons. De l'histoire des luttes de l'immigration à leurs implications dans le champ politique, les huit ateliers proposés ont permis de dégager le contenu d'une plate-forme politique commune que nous espérons faire partager aux associations absentes. Ainsi, l'objectif de pérenniser ce type de rencontre fait de nos particularités respectives les chaînons d'un réseau en devenir dont nous sommes chacun tributaire et responsable.

Le contexte actuel (non prévisible) affermit la justesse de nos réflexions et de nos revendications communes. Les pouvoirs publics doivent urgemment prendre en considération ces revendications et ces propositions pour mettre un terme à l'exclusion politique des populations issues de l'immigration.

L'histoire de ces populations est celle de la France et nous soutenons bien entendu la création future du musée national de l'immigration mais nous veillerons à ce que nos structures soient bel et bien associées aux orientations muséographiques de ce projet. La France doit considérer son passé colonial puisque une majorité de son immigration est le produit de son ex empire colonial. En ce sens, l'éducation national se doit d'intégrer dans les manuels scolaires cette histoire inavouée. Nous avions choisi le mois d'octobre non seulement au sujet du vingtième anniversaire mais également pour marquer le quarantième anniversaire des massacres du 17 octobre 1961, événement central dans notre mémoire d'immigré puisqu'il représente historiquement le carrefour tragique entre les aspirations à l'indépendance et la répression ignoble par la puissance coloniale d'hommes, de femmes, de familles algériennes majoritairement mais aussi tunisiennes et marocaines. Nos mémoires sont aussi celles de nos cultures d'origine qui ont produit et produisent des œuvres, des créations qui participent au patrimoine universel et bien entendu à la production culturelle et artistique en France. Dans ce sens, nos cultures d'immigration sont portées par des intellectuels et des artistes que nous devons associer à nos pratiques et à nos luttes sans oublier les jeunes de nos quartiers acteurs incontournable des cultures émergentes aujourd'hui en France. Ces jeunes qui, par ailleurs, doivent être considérés et se considérer comme des citoyens à part entière. A ce sujet, nous ne pouvons pas faire l'économie de mettre en lumière les dérives sémantiques que les médias propagent à la lecture de l'actualité en perpétrant durablement des amalgames destinés à entretenir la stigmatisation des différentes générations de l'immigration.

Ces EGIQ auront également contribué à aborder sereinement et courageusement la situation des femmes et des jeunes filles issues de l'immigration. Tout d'abord en rendant hommage à leurs rôles fondamentales dans les luttes de l'immigration en général et dans leurs combats spécifiques au sein même de l'immigration. Les EGIQ dénoncent fortement les conventions bi-latérales qui maintiennent les femmes immigrées dans un double statut juridique qui autorise un juge français d'appliquer les lois discriminatoires des pays d'origine. Nous réaffirmons la suprématie de ses droits individuels indépendamment du foyer familiale ou règne son infériorité juridique face au conjoint. Pour les demandeuses d'asile, l'octroie du statue de réfugié doit intégrer les violences sexistes et sexuelles comme des critères essentiels. Par ailleurs, la situation de persécution de femmes en tant que groupe social (afghanes, kosovares, …) doit être enfin reconnue par l'OFPRA. Nous concernant plus particulièrement, les femmes et les jeunes filles doivent être représentées dans nos associations : ce sera notre meilleure réponse face aux discriminations sexistes et aux violences symboliques ou/et sexuelles dont elles sont victimes au sein même de nos quartiers populaires.

Sur la question des cultes, les EGIQ interpellent solennellement les pouvoirs publics afin de renvoyer toutes interprétations erronées de la laïcité qui contribues notamment à stigmatiser les musulmans en générant une islamophobie insupportable. Pour y remédier, une seule solution s'impose : l'égalité de traitement pour tous les cultes (carré musulman dans les cimetières, abattoir, …) et donc tout simplement l'application précise de la loi française dans ce domaine tout en s'appuyant sur l'article 9 de la convention européenne des droits de l'homme sur la liberté de culte. La mise en place d'un organisme représentatif de l'islam français ne peut en aucun cas confondre représentation du culte et représentation des citoyens musulmans qui n'ont pas à soumettre leur citoyenneté à leur appartenance confessionnel. Pour affirmer haut et fort cette évidence, les associations laïques doivent être prises en considération dans cet organisme et dans la consultation plus générale sur l'islam.

L'égalité des droits impose la prise en compte de notre diversité comme autant de composantes légitimes et indispensables dans notre lutte contre les discriminations. Cette lutte inscrit comme préalable à son efficacité l'abrogation des dispositions suivantes de l'ordonnance de 1945 : la préférence nationale dans la fonction publique, l'interdiction du vote pour les étrangers, la légalisation de la double peine, le contrôle spécifique des étrangers, le mode d'acquisition restrictive de la nationalité. Tout aussi préalable est la création d'une structure indépendante incluant la participation active des associations issues de l'immigration, c'est la seule issue face aux limites certaines des dispositifs existants tels le CODAC ou le 114, limites observées unanimement. Seul une structure de ce type pourra se confronter directement et efficacement aux discriminations à l'embauche, aux loisirs, aux logements. Elle pourra également intervenir avec crédibilité quant aux dénis de droits avalisée par une justice à deux vitesses où impunité des crimes racistes et violences policières sont autant de violations des droits élémentaires de la personne humaine. Les EGIQ ne pourront pas ne pas exprimer leur profonde colère suite à l'acquittement du policier meurtrier de Youssef KHAIF, injustice insupportable qui restera gravé dans nos mémoires. Par ailleurs, les EGIQ demandent à nouveau l'application de la loi dans ce domaine tout en soulignant l'insuffisance de l'arsenal législatif notamment en matière de charge de la preuve laissée à l'appréciation fluctuante des juges. Une réelle volonté de lutte contre les discriminations nécessite un programme de sensibilisation, d'information, de formation à l'intérieur même des institutions et des administrations françaises. En matière de logements, nous ne pouvons pas accepter que la mixité sociale et culturelle soit décrétée par une politique de quotas provoquant de nouvelles exclusions. A niveau de l'emploie, nous attirons l'attention sur l'ethnicisation de certaines professions qui peuvent mettre en porte à faux des communautés. Pour ce qui relève de l'immigration et des immigrés eux mêmes, nous devons veiller aux discriminations réelles entre communautés qui se développent dans nos banlieues et intégrer cette donnée dans notre lutte contre les discriminations en général. Enfin sur ce chapitre, les EGIQ considère que le problème de tous les sans-papiers est loin d'être résolu et que cette lutte doit rester une priorité pour nos associations.

Nous ne pouvons pas concevoir l'immigration sans aborder les questions relatives au pays d'origine en matière de droit de l'homme, de démocratie et de développement. L'immigration doit continuer à jouer un rôle déterminant dans la dissociation des problématiques liées au développement et celles liées à la gestion des flux migratoires. Elles recommandent d'établir des liens durables avec les associations villageoises, de quartiers, … ; de consolider les actions et les organisations de solidarité internationales issues de l'immigration ; de refuser les ruptures arbitraires entre nécessités démocratiques et nécessité de développement.

En matière de citoyenneté européenne les EGIQ lance l'appel suivant :

Rappelant la convention 144 du Conseil de l'Europe de 1992 sur la participation des étrangers à la vie publique au niveau local.

Rappelant l'Appel de Strasbourg du Conseil Consultatif des Etrangers de Strasbourg et du Conseil de l'Europe de 1999.

Considérant que le traité de Maastricht en accordant la citoyenneté de l'U.E. aux seuls nationaux des pays de l'U.E. a crée une discrimination légale entre résidents étrangers.

Rappelle son attachement à l'égalité des droits de tous les résidents quelle que soit leur nationalité.

Les EGIQ et l'ensemble des associations signataires appellent à se mobiliser en faveur d'une citoyenneté européenne de résidence qui serait un premier pas vers cette égalité octroyant les mêmes droits à tous les étrangers quelle que soit leur nationalité ; à se mobiliser incessamment pour le mois de la citoyenneté ; les EGIQ considèrent que les CCE ne constituent pas une alternative au droit de vote des résidents communautaires, cependant elles dénoncent toute remise en cause du CCE de Strasbourg. Nous rappelons que la citoyenneté européenne ne se résume pas au droit de vote et doit être considéré également à partir de la liberté de circulation et d'installation dans les pays de l'Union Européenne. En définitive les EGIQ interpellent les candidats aux élections législatives et présidentielles prochaines afin de se prononcer favorablement pour le droit de vote élargi à toute les personnes issues de l'immigration et de s'engager sur le calendrier de sa mise en place : l'ensemble des associations feront usage du vote sanction pour les candidats réfractaires.

Strasbourg, le 14 octobre 2001

 

Secrétariat des EGIQ : c/o ATMF : 10, rue AFFRE - 75018 . PARIS
Tel : 01.42.52.60.61 / Fax : 01.42.55.91.82
E.mail : national@atmf.org


RECOMMANDATION

Les EGIQ de Strasbourg lancent un appel pour que nous puissions nous rencontrer avec d'autres associations une fois tous les ans. Ces trois jours ont permis de définir un contenu politique dans lequel l'ensemble de nos associations se retrouvent et les actes de ces rencontres doivent devenir un véritable outil pour l'ensemble de nos structures.

Les prochaines rencontres devront débattre et éventuellement mettre en place les formes organisationnelles de notre réseau afin de faire avancer avec exigence et dans la durée nos revendications pour l'égalité des droits.

Une autre région, une autre ville, d'autres structures doivent prendre l'initiative d'une rencontre périodique.

Il y a lieu de rechercher la meilleure forme pour organiser ces rencontres. Pour cela les EGIQ doivent se doter d'outils de communication adaptés à nos besoins.

Dans l'attente des prochains EGIQ, il faut absolument développer et coordonner nos actions communes. Nous devons renforcer nos liens, échanger rapidement les informations et participer réciproquement aux actions que les uns et les autres ne manqueront pas de décider pour l'émergence d'une citoyenneté et d'une lutte contre les discriminations et l'égalité des droits.

Strasbourg, le 14 octobre 2001

Secrétariat des EGIQ : c/o ATMF : 10, rue AFFRE - 75018 . PARIS
Tel : 01.42.52.60.61 / Fax : 01.42.55.91.82
E.mail : national@atmf.org

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